Lors du banquet annuel du 17 juin, Monsieur le Recteur Daniel Kancel a délivré un discours majeur qui a captivé l’auditoire par son humour. Pour ceux qui n’ont pas pu y assister ou souhaitent en relire les passages essentiels, nous sommes heureux de vous présenter le texte intégral de cette intervention :

Chers diplômés, chers professeurs, chers membres du personnel,

Je sais que si vous êtes venus au Banquet du Recteur, ce n’est pas vraiment pour écouter le Recteur faire un discours. Dans « Banquet du Recteur », il y a Banquet, n’est-ce pas ? Mais souffrez pendant quelques minutes de prêter attention, comme vous l’avez fait au cours des dernières années, sauf si vous dormiez en classe ou faisiez vos affaires derrière votre caméra éteinte lors des cours du soir.

Pour ce discours, j’aurais pu, comme certains d’entre vous, demander à ChatGPT de faire le travail à ma place. Et donc je lui ai écrit quelques mots doux : « Peux-tu me donner stp l’un discours académique pour des étudiants diplômés ? ». Et voici en résumé sa réponse. J’ouvre les guillemets puisque je fais une citation.

« Bien sûr ! Voici un outline (plan structuré) pour un discours académique destiné à des étudiants diplômés (par exemple, lors d’une cérémonie de remise de diplômes). Ce discours est formel, inspirant, et adapté à un contexte universitaire :

  1. Introduction (1 à 2 minutes)
  • Salutations protocolaire :
  • Remerciements :
  • Annonce de l’objectif du discours :
  1. Rétrospective – Le parcours accompli (2 à 3 minutes)
  • Souvenirs partagés :
  • Défis surmontés :
  • Croissance personnelle et collective :
  1. L’instant présent – Célébration (1 à 2 minutes)
  • Félicitations sincères :
  • Reconnaissance du mérite :
  • Un moment unique à savourer :
  1. Perspectives – L’avenir à construire (3 à 4 minutes)
  • Encouragement à l’engagement :
  • Adaptabilité et résilience :
  • Appel à l’espoir et à l’audace :

« Osez, créez, échouez, relevez-vous. »

  1. Conclusion (1 à 2 minutes)
  • Message final inspirant :

Citation célèbre ou message personnel :

« L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde » – Nelson Mandela

  • Derniers vœux :
  • Clôture solennelle :

« Félicitations à la promotion [année] ! Le monde vous attend. »

 

Fin de citation, enfin de production, par l’Intelligence Artificielle.

Mais tournons le dos à l’IA pour nous plonger dans un bon vieux livre, intitulé Searching for a God to Love, écrit par Chris Blake, et en particulier son dernier chapitre, Heaven is not my home. Il y raconte une expérience qu’il a fait la dernière année où il était professeur pour des élèves de 6 ème . Un jour, il a proposé à ses étudiants que ce soit eux qui fassent les règles de la classe pour la demi-heure qui restait, avec pour seule contrainte qu’ils devaient rester dans la salle. Après quelques idées, un étudiant a proposé une règle simple mais qui couvrait tout le reste : on peut faire ce qu’on veut. Aussitôt dite, aussitôt validée. Il restait 20 minutes de cours. Imaginez le chaos avec des adolescents déchaînés. Néanmoins, plus la fin des 20 minutes approchait, plus la salle de classe est redevenue calme et silencieuse. Le temps terminé,

Professeur Blake a interrogé les élèves sur cette expérience, et ils ont bien dû reconnaître que quand tout le monde peut faire ce qu’il veut, personne n’arrive à faire exactement ce qu’il a envie, et que dans cette perspective les règles ont toute leur raison d’être.

Suivre des règles est parfois perçu comme une limite à notre liberté. Il suffit de tourner les pages du Manuel de l’étudiant d’UAZ pour s’en convaincre, n’est-ce pas ? Prenons quelques exemples qui n’ont pas été choisis au hasard. Page 15 : « Les bijoux, bagues (autres que les bagues de fiançailles et mariage), chaînes, pendentifs, etc. ne sont pas permis ». Page 16 : « La formation des couples n’est pas encouragée » (Donc pas de tiako ianao le soir au téléphone dans le dortoir, sauf si derrière on ajoute dada ou neny). Page 18 :

« Pendant les stages, les voyages d’études et les différentes activités de l’UAZ en dehors du campus, les disciplines de l’université restent en vigueur » (ah, la bonne viande de Mahajanga…). Etc., etc. Pourtant, continue Chris Blake, habitudes et règles amènent plus de liberté d’exécution. Prenez par exemple une musicienne ou un chanteur. Plus ils apprennent les règles et codes de leur art, plus ils peuvent aller loin dans leur expression ; et plus ils pratiquent, plus ils se perfectionnent.

Ainsi, l’étudiant qui est esclave de la bibliothèque est maître de son propre esprit. Les Com. qui sont esclaves des codes journalistiques sont maîtres des médias. Les Études anglophones qui sont esclaves de la grammaire et du vocabulaire sont maîtres de l’expression. Les Gestionnaires qui sont esclaves des règles comptables sont maîtres de l’entreprenariat. Les Informaticiens qui sont esclaves du code sont maîtres du logiciel. Les Infirmiers qui sont esclaves de l’anatomie sont maîtres des soins. Les Théologiens qui sont esclaves du Saint-Esprit sont maîtres de leur ministère.

Règles et pratique sont donc indispensables, cependant sous le contrôle d’un bon pilote, Dieu lui-même.

Pourquoi Chris Blake raconte-t-il tout cela ? Si vous avez bien écouté, et si vous ne vous êtes pas encore endormis, le chapitre qui nous intéresse s’intitule Heaven is not my home. Nous pensons souvent au paradis comme un lieu où l’on fera ce que l’on veut. Manger une montagne de riz à chaque repas, voler en un instant d’un bout à l’autre de l’univers, ne plus avoir de coupure de JIRAMA ou d’internet, faire un panier au basket depuis l’autre bout de Madagascar, envoyer une frappe supersonique au football qui va emporter le goal jusque sur une autre planète, aligner les belles robes et chaussures dans une armoire longue comme la route de Diego à Toliara, etc. Est-ce qu’on va vivre de fantaisies pour toujours ? Ces activités sont intéressantes, mais allons-nous les pratiquer pour toujours, sans fin, à l’infini, pendant des milliards et des milliards de milliards d’années ?

C’est là où il est important pour nous aujourd’hui de ne pas pratiquer n’importe quoi, car ce à quoi on s’entraîne compte. Et notre vie sur terre n’est pas déconnectée de ce qui nous attend pour l’éternité sur la nouvelle terre. Dieu n’est pas un entraîneur de volley-ball qui, avant une finale, fait son équipe apprendre à tresser des cheveux ou s’entraîner à cuisiner une bonne soupe Tamatave. Dieu nous demande-t-il de pratiquer maintenant à UAZ et pendant le reste de notre vie des choses et principes que nous n’utiliserons pas pendant l’éternité ? Le fruit de l’Esprit dans Galates 5.22 est ce que nous avons à pratiquer dès maintenant (AJ PP BB Fais De Même [Agis pépé, bébé fais de même] comme disait l’un de mes professeurs en utilisant cet acronyme mnémotechnique) : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi.

Même Jésus sur terre est passé par là. Est-il devenu un parfait charpentier le premier jour où il a commencé à travailler avec Joseph, ou a-t-il dû suivre des règles et pratiquer pour se perfectionner ? Tout ce que nous faisons compte. Chaque pensée, chaque mot, chaque action fait une différence. « C’est pour cela, comme le dit C.S. Lewis, cité toujours par Chris Blake, que les petites décisions que vous et moi prenons chaque jour sont d’une infinie importance. Le plus petit acte positif aujourd’hui devient la saisie d’un point stratégique à partir duquel, quelques mois plus tard, vous serez capables de victoires dont vous n’avez jamais rêvé ».

Toute bonne chose a une fin, et je sais que la faim a commencé chez certains, avant même qu’ils passent la porte d’entrée. Alors je n’oublierai pas de créditer Chris Blake dans la bibliographie, alors qu’en conclusion je vous invite à regarder en arrière sur ce que vous avez pratiqué durant vos études en présentiel ici à UAZ ou à distance. Quelles règles avez-vous suivies, quelles pratiques avez-vous eues, et vers quel futur vous conduisent-elles ? Comme vous l’avez si bien scénarisé il y a quelques semaines pour les étudiants en licence, étaient-ce ChatGPT, la prière, la bibliothèque, les jeux vidéo, Tik Tok, vos habitudes ? Aviez-vous décidé d’avoir une seule règle : on peut faire ce qu’on veut ?

Il est temps, si ce n’est pas déjà fait, de prendre les habitudes et de suivre les règles qui vont vous permettre d’être participants de la nouvelle terre, d’où le titre donné par Chris Blake au chapitre. En grec, le mot pour esclave, doulos, est le même que celui pour serviteur. Les serviteurs de Dieu s’entraînent sur la terre actuelle pour la nouvelle terre. Celui qui est serviteur de Dieu dès maintenant est maître de son éternité.

Merci pour votre attention.

Bibliographie :

BLAKE, C., Searching for a God to Love, Nampa (ID) : Pacific Press, 1999, 256 pages.